Bon aller..; je me lance
« Sale clochard ! » dit le poissonnier
Et bien oui, je suis un clochard ( de quarante ans tout juste ). Comme à son habitude, le poissonnier d’en face m’insulte, car je fais la manche. Que voulez-vous, je ne peux pas faire autre chose, et il est certain que je préfère faire la manche que de mourir dans mon trou à rat qu’est mon village –dont je ne connais le nom-. Il n’y a que le patron du bistrot qui est mon ami. Quand je n’est plus un sou, il m’offre un petit verre de bière accompagné d’un sandwich. Ca c’est un ami ! Mais bien sûr, j’essaye d’en profiter le moins possible, j’ai tout de même ma dignité – que je perds totalement en faisant la manche-. Non, le pire n’est pas cela. Non, le pire c’est pour les… les petits…vous voyez ? Les petits… Bon, je me jette à l’eau : les petits besoins. Où voulez-vous que j’aille ? Dans le bistrot ? Non, il n’y pas de toilettes, c’est d’ailleurs la seule chose que je lui reproche. Dans un restaurant ? Interdit d’aller au petit coin si on n’y mange pas. Les hôtels utilisent le même système. Ici, on accepte pas les clodos comme moi.
Soudain, à l’autre bout de la rue, je vois le poissonnier accompagné de son affreux et légendaire lévrier. Il passe sans mot dire, puis, il se retourne.
« Alors bâtard, toujours aussi sale et moche ? »
Toujours et encore le poissonnier. Je me lève, le prends par le col de sa chemise et dis :
« Si tu continue, je rhaaa… »
Je le lâche. Il part. Tout à coup, l’envie de nicotine monte en moi. Mon organisme réclame sa cigarette quotidienne. Je m’assois, sors un cigarette de ma poche et prends la pose du penseur, et je pense…
Si je ne travaille pas, c’est parce que je ne suis jamais aller à l’école. Je tire un grande bouffée de ma cigarette. Elle pénètre mon corps jusqu’aux poumons. Puis s’échappe par le nez. A quoi ça sert de vivre ? Je ne sais pas. Mais moi, je sais que je n’ai pas envie de mourir pauvre.
Soudain, une énorme quinte de toux me prend. Je tousse à n’en plus finir. Puis, je crache du sang. Qu’ai-je ? Ici, il n’y a pas d’hôpitaux aux environs, et pas d’argent pour aller voir un médecin. Je tousse encore, je n’ai plus d’air, le goût de sang dans ma bouche s’accentue. Je tousse, puis m’évanouis.
Je me suis réveillé à l’hôpital. Maintenant, mon ami, le patron du bistrot, est à mon chevet. Il me parle, mais je ne comprends mot de ce qu’il raconte car, je suis bien trop fatigué. Si je ne suis pas mort, c’est pour une bonne raison. Je vais tenir ma promesse et mourir riche ! Je vais trouver du travail. Pourquoi n’ai-je pas pris cette décision plus tôt ? Peut-être parce que je n’étais pas sur le point de mourir.
Je finis par trouver du travail au bistrot : balayeur. Je gagne ma vie. J’ai trouvé un appartement – ou plutôt un studio- . Le patron du bistrot a prit sa retraite et m’a légué le bistrot en question. Je suis donc le patron. Ah oui, au milieu de tout ce bonheur, j’ai oublié de vous dire que le poissonnier est en fait caissier ! – Je le sais car un jour, je suis allé acheter du poisson, ce qui m’arrive pour ma première fois- . Et aussi , s’il avait un chien si cher que le lévrier, c’est parce qu’il est promeneur de chiens !
Les affaires au bistrot marchent de mieux en mieux. Il y a de plus en plus de monde. Je deviens riche. Je vais vous dire : croyez moi ou pas, je suis heureux dans mon trou à rats !
ps: Soyez indulgents, je l'ai écrite y a 2 ans ^^...